News
Vendée Globe – des skippers collecteurs de données
Après un peu plus de 80 jours autour du monde, une quinzaine des skippers du Vendée Globe a raccroché aux pontons tandis que le reste de la flotte remonte l’Atlantique. Notre série d’actualités pour embarquer sur le Vendée Globe des données rentre aussi à quai. Les pôles de données et services de l’IR Data Terra ont illustré avec des données multidisciplinaires le trajet des solitaires, pour décrire et comprendre les océans et à ses interfaces.
Ces données, in situ, satellites, de modélisation … sont celles collectées, puis traitées à l’échelle nationale par les infrastructures de recherche, les services nationaux d’observation, les laboratoires de recherche, parfois sur de très longues séries temporelles. Elles sont ensuite "bancarisées", gérées, archivées et diffusées sur des entrepôts de données, par les centres de données et services des pôles, dont le pôle ODATIS. Elles sont partagées en accès libre et accessibles sur les catalogues de découverte.
Aujourd’hui, cap sur les données collectées par les instruments scientifiques embarqués par plus de la moitié des bateaux du Vendée Globe. Ce projet s’inscrit dans le cadre de de la Décennie pour les Océans (2021-2030) en réunissant l’UNESCO, le Vendée Globe et la Classe IMOCA. Parmi les instruments embarqués, dix flotteurs Argo et deux thermosalinographes Gaillard pour mesurer plusieurs paramètres océaniques, dont la température et la salinité.
Le suivi des masses d'eau en surface et en profondeur est essentiel pour comprendre le fonctionnement de l'océan, de ses écosystèmes et de son rôle sur le climat. Avec sa forte inertie thermique, l’océan est le premier réservoir de chaleur du système climatique : il absorbe ~93% de l’excès de chaleur. Ces instruments in situ, à la différence des mesures satellite, permettent de mesurer des paramètres océaniques en profondeur ; jusqu’à des profondeurs suffisantes pour observer, au-delà des cycles saisonniers de température et de salinité, des régions de l'océan dominées par des tendances décennales de réchauffement.
Le programme mondial Argo répond à ces objectifs avec un réseau de plus de 4000 flotteurs autonomes (flotteurs, bouées fixes ou dérivantes, …) fournissant en surface et jusqu’à 6000 m de profondeur des profils de paramètres physiques : température, salinité, pression, courants et de paramètres biogéochimiques : chlorophylle, oxygène dissous, turbidité, azote (nitrate)...
Dix flotteurs Argo sur le Vendée Globe
Dix skippers ont embarqué un flotteur Argo, neuf ont été déployés fin novembre 2024, lors de la descente de l’Atlantique Sud, et selon des positions définies en collaboration avec des scientifiques, dans des zones peu échantillonnées, pour améliorer la couverture mondiale du programme Argo. Le flotteur Argo à bord du bateau de Maxime Sorel, contraint à l’abandon, a été déployé dans l’Atlantique à la latitude du détroit de Gibraltar.
Le flotteur effectue des cycles de 10 jours au cours desquels il plonge jusqu’à la profondeur programmée (2000 m ici) et remonte jusqu’à la surface, mesurant tout le long de sa remontée la température et la salinité de l'océan. Une fois en surface, les données sont transmises en temps réel vers les centres de collecte et d’assemblage des données. Le Centre de Données et Services Coriolis du pôle Océan ODATIS participe activement à la gestion des données du réseau international in situ des flotteurs Argo.
Une interface web « tableau de bord Argo » permet de sélectionner et d’afficher les profils des flotteurs Argo, y compris ceux du Vendée Globe (capture d'écran dans l'animation ci-dessus et lien vers l'interface en bas de page). Cette interface est basée sur l’indexation des métadonnées des quelques 5 milliards d’observations de tous les flotteurs réunis !
Déploiements des flotteurs Argo sur le Vendée Globe 2024. Crédits Coriolis - Ifremer - Noé Poffa |
Deux thermosalinographes Gaillard
Deux skippers ont embarqué des TSG Gaillard pour mesurer températures et salinité des eaux de surface, en continu tout le long du trajet, lorsque le dispositif est activé. Ce nouveau capteur constitue un prototype dans l’objectif de développer un instrument sobre en énergie et économiquement abordable pour équiper des voiliers de plaisance. Ces TSG sont le fruit d'une collaboration entre Ifremer, Oceanovox, RBR et le Fablab de l'Université de Bretagne Occidentale.
Ces données feront l’objet d’un traitement en temps différé, lorsque les mesures enregistrées en local seront récupérées à quai puis calibrées avec les mesures d’échantillons d’eau de mer collectées par les skippers dans des bouteilles de prélèvement (photo ci-contre). Le Service National d’Observation de salinité de surface de la mer (SNO SSS) assure la qualification et validation de ces données qui sont ensuite distribuées dans le cadre du pôle Océan ODATIS.
ci-contre : Queques jours avant le départ, les équipes Ifremer (Lucie Cocquempot, Thierry Reynaud) ont installé les TSG et briefer les skippers sur leur fonctionnement. Ici sur le bateau d'Antoine Cornic, fourniture des bouteilles de prélèvement. Crédits ODATIS.
Plus d'information
- sur le site Ifremer : Vendée Globe : l’Ifremer sur la ligne de départ
- sur le site du Vendée Globe : Tout ce qu'il faut savoir sur le matériel scientifique embarqué
- Argo Fleet Monitoring : interface pour visualiser et accéder aux données des flotteurs Argo du Vendée Globe
- sur le site OceanOps : Carte des flotteurs du réseau Argo
- Programme pédagogique Adop A Float : Faites entrer les sciences océaniques en classe